Hier, j'ai eu une visite médicale des plus décevantes. Elle a laissé le patient en moi quelque peu insatisfait et le professionnel de l'expérience du patient en moi découragé. Je souffre d'une tendinite du biceps depuis deux mois. Il s'agit d'une affection extrêmement inconfortable qui me rappelle constamment à quel point l'épaule bouge et est impliquée dans les activités quotidiennes et nocturnes !
Je suis gâtée par la compassion et l'attention que mon médecin traitant, le Dr J., me porte. Je suis un membre concierge, et la médecine concierge permet au médecin de passer plus de temps avec ses patients et de les aider réellement à gérer leur santé, et pas seulement leurs maladies. Il y a deux semaines, lors de mon examen annuel, j'ai parlé de l'état de mon épaule et j'ai informé le Dr J. que je voyais un massothérapeute et un kinésithérapeute chaque semaine. Elle a approuvé le traitement proposé par le kinésithérapeute. Cependant, bien que je gagne en amplitude de mouvement, la douleur semble s'aggraver. J'ai donc demandé un rendez-vous. Le Dr J. était complet, mais j'ai pu obtenir un rendez-vous avec le partenaire de mon médecin traitant, le Dr X.
La visite m'a permis de soulager mes douleurs à l'épaule et j'ai enfin dormi toute la nuit. Cependant, je n'ai pas été époustouflé par les soins prodigués. Il n'y a pas une seule chose que le Dr X. ait faite qui soit "mauvaise". Au contraire, l'expérience a été remplie d'occasions manquées de me faire sentir que l'on s'intéresse à moi en tant qu'être humain, que je connais mon corps et mes besoins, et que je suis impliquée dans mes soins.
Il a commencé par se présenter, en se tenant au-dessus de moi alors que je m'asseyais sur une chaise.
- Médecin : "Bonjour, je suis le Dr X, qu'est-ce qui vous amène aujourd'hui ?"
- Moi : "Bonjour, ravi de vous rencontrer. Je suis ici parce que ma tendinite à l'épaule devient de plus en plus douloureuse".
- Médecin : "Quand vous dites "tendinite de l'épaule", est-ce que vous l'appelez ainsi ou est-ce que quelqu'un... un professionnel de la santé vous a diagnostiqué ?" Il m'a posé cette question en s'adossant au mur, les bras croisés, en me regardant d'un air douteux.
- Moi : "Le Dr J. et moi en avons parlé lorsque je l'ai consultée il y a deux semaines. Je travaille également avec un kinésithérapeute et je me fais masser pour compenser les tensions musculaires."
- Le médecin : "Vous consultez notre kinésithérapeute ou quelqu'un d'autre ?"
- Moi : "Je vais voir Mike à Momentum Physical Therapy. Il est formidable. Il m'a d'abord fait passer une série de tests de diagnostic pour exclure une rupture de la coiffe des rotateurs et a déterminé qu'il s'agissait probablement d'une bursite qui s'est transformée en tendinite. Il m'a traité avec des aiguilles sèches (le Dr X a fait un signe de tête de soutien), des ultrasons, des exercices d'amplitude passive, de la thérapie par la glace et un programme d'exercices. Je l'ai vu quatre fois et j'ai reçu trois massages.
- Le médecin : "Oh, c'est bien. C'est une bonne chose qu'il vous fasse faire des exercices, car cela maintient et reconstruit la force. Cependant, la plupart des patients ne les font pas vraiment. (Il m'a jeté un regard plein de doutes). Qu'est-ce qui a fonctionné pour vous pour soulager la douleur jusqu'à présent ?"
- Moi : "Je pense que les exercices m'aident vraiment, car je me sens mieux quand j'ai été réchauffé et que j'ai bougé. L'ibuprofène et le naproxène étaient très efficaces contre la douleur, mais j'ai commencé à avoir des giclées de sang dans le nez et j'ai dû arrêter de les prendre autant."
- Médecin : "Ces saignements de nez sont-ils quotidiens ? C'est arrivé une fois ? Et qu'est-ce que vous entendez par "jaillissement" ?"
- Après ma réponse, il m'a dit : "D'accord, cela semble être un problème". Il m'a prescrit un relaxant musculaire et un anti-inflammatoire moins susceptible de provoquer des effets secondaires.
Tout au long de notre conversation, j'ai essayé de le convaincre de me considérer comme une personne, de croire ce que je lui disais, de reconnaître ma douleur et mes sentiments, et de me voir comme un individu qui a fait de son mieux pendant huit semaines de douleur intense et débilitante. Enfin, à la fin de la visite, après que je lui ai posé des questions sur sa carrière médicale et sur ce qui l'avait amené à pratiquer la médecine familiale dans une clinique de conciergerie, il a esquissé un léger sourire et m'a raccompagnée à la porte. Il m'a dit que je pouvais revenir le voir si les choses ne s'amélioraient pas, ou que je pouvais voir mon médecin traitant et qu'ils discuteraient. J'ai apprécié son geste, mais je me suis dit : "Non, la prochaine fois, j'attendrai aussi longtemps qu'il le faudra pour voir le Dr J."
Il se peut que je rencontre à nouveau le Dr X à l'avenir, mais je ne le ferai qu'en cas de nécessité. Je ne le recommanderais à personne d'autre, même si, d'un point de vue médical, il est probablement aussi bon que la plupart des autres médecins.
Aujourd'hui, en réfléchissant à ce rendez-vous, je ne peux m'empêcher de me demander si le Dr X. ne serait pas plus satisfait de son travail s'il s'impliquait un peu plus, s'il s'adressait à moi en tant que personne et s'il utilisait des mots et un langage corporel qui me feraient comprendre qu'il s'intéresse à moi. Je me demande s'il ne serait pas plus satisfait et s'il ne répondrait pas mieux aux espoirs qu'il avait en devenant médecin s'il se considérait comme un partenaire au sein de mon équipe soignante. Enfin, je me demande si ses patients, tout comme moi, obtiendraient de meilleurs résultats si nos interactions étaient différentes et nous laissaient reconnaissants et impressionnés d'avoir passé un peu de temps avec lui.
En tant que prestataires de soins de santé, nous avons la possibilité de donner un sens à chaque moment passé avec nos patients et les membres de leur famille, bien au-delà des soins médicaux de base. Je vous mets au défi de réfléchir à votre pratique et à la manière dont de petits changements utilisant des compétences de communication avancées pourraient faire la différence pour les autres, et vous aideraient plus que probablement à retrouver les raisons pour lesquelles vous êtes médecin, à vous sentir plus engagé et à moins souffrir d'épuisement professionnel.
